Nicolas Sarkozy est donc engagé dans une course poursuite avec les électeurs du Front national. C’est peu dire que la surenchère est sa boussole pour le second tour.
Il ne nous épargnera rien. Ainsi avons-nous eu droit à l’organisation annoncée d’un 1er mai du « vrai travail » en opposition à ce ramassis de fainéants qui s’apprête à défiler traditionnellement à l’appel des organisations syndicales.
« Syndicats », avez-vous dit ? Un gros mot car lui se revendique d’un contact direct avec le peuple.
Ce discours-là est connu et relève des thèmes à peine recyclés de l’extrême-droite. De ce point de vue, pour ce 1er mai à la mode Sarko, Henri Guaino n’aura pas la peine d’écrire un discours car son contenu figure, en tous points, dans celui du Maréchal Pétain, le 1er mai 1941.
Dans le même registre, le Président-candidat nous décline les couplets rebattus sur l’immigration, le droit de vote des étrangers et, depuis son passage hier au journal télévisé, l’appel qui aurait été lancé en faveur de François Hollande par les recteurs des 700 mosquées en France et même par Tariq Ramadan, le tout démenti formellement par le Conseil français du culte musulman et par le recteur de la Mosquée de Paris.
Bref, tout est bon, même le pire !
Les premiers effets de cette campagne nauséabonde ne se sont pas fait attendre. Au sein de l’UMP, beaucoup renâcle et refuse de s’engager dans cette voie
Luc Ferry écrit, ce matin, dans « Le Figaro » : « cette stratégie de droitisation fut, reste et restera une erreur, un piège mortel. »
De côté des centristes, certains ont déjà annoncé leur intention de choisir François Hollande et pour les autres, le fléau de la balance penche de plus en plus de ce côté-là aussi.
En réalité, Sarkozy commet une grave erreur d’appréciation. Tous les électeurs de Marine Le Pen ne sont pas des fachos, des racistes, des xénophobes, des « bouffeurs » de syndicats ou encore des « angoissés », ou des gens « en souffrance » comme l’affirme le Président-candidat.
Ce sont d’abord des citoyens en colère contre les élites politiques de droite et de gauche, qui n’exercent plus le pouvoir et l’ont abandonné à la mondialisation et à la finance, qui bradent la France aux intérêts des banquiers et des nantis.
Marine Le Pen a bien compris qu’il y avait là de quoi déployer le catéchisme de l’extrême-droite en le rendant plus présentable et en surfant sur le vide politique d’alternative aux solutions libérales.
Sarkozy a donc décidé de mettre ses pas dans les mêmes traces.
Seulement voilà, lui, transformé en pourfendeur des élites et de la mondialisation, en père-protecteur de la patrie menacée, ce n’est guère crédible et même franchement ridicule.
On a envie de lui demander : dites donc, où étiez-vous ces cinq dernières années ? Et que faisiez-vous ? N’étiez-vous pas le Président de la République ?
S’il en est un qui incarne le modèle même de ces gouvernants démissionnaires et soumis aux forces de l’argent, c’est bien lui !
Ses surenchères risquent de tourner court.