Cette campagne des présidentielles prend des allures de course à l’échalote.
Sous l’œil inquisiteur des instituts de sondages, les deux principaux protagonistes multiplient les annonces chocs au rythme de leurs meetings géants et de leurs prestations télévisées.
Cette semaine écoulée nous aura offert un modèle du genre.
Un sondage, après le show de Villepinte, donnait, pour la première fois, Sarkozy devant Hollande. Il était immédiatement contredit par un autre. Puis un troisième surgissait pour donner les deux « champions » au coude à coude.
Et à mesure que les enquêtes d’’opinion égrainent leur surprise, les candidats rivalisent dans le « coup qui tue » qui est censé vous faire gagner quelques points sur l’adversaire.
La stratégie de Sarkozy consiste à tenter de reconstituer sa base électorale de 2007 et donc à siphonner l’électorat de Marine Le Pen. Exercice délicat car nous ne sommes plus en 2007 et le Président porte la croix d’un bilan accusateur.
Hollande, quant à lui, doit compter sur la montée de Mélenchon sans se couper d’électeurs modérés et centristes dont il aura besoin. Exercice périlleux qui l’a incité, ces derniers jours, à dégainer l’argument du vote utile dès le 1er tour.
Sarkozy aura fait très fort, dans l’effet d’annonce. Il affirme vouloir diviser par deux le nombre d’étrangers accueillis légalement en France, chaque année. Il veut réviser les accords de Schengen et même évoque la possibilité pour la France de s’en retirer unilatéralement. Le voilà enfin qui veut taxer les évadés fiscaux.
En cas de reconduction de son mandat, il est clair qu’il ne mettra en œuvre aucune de ces dispositions. Mais qu’importe ! L’objectif est de piéger l’électeur.
Le souhait de Hollande de renégocier le futur traité européen imposant la règle d’or à tous, c’est-à-dire l’austérité éternelle, laisse tout aussi pantois, surtout quand les parlementaires socialistes ont achevé la session par une abstention sur deux textes instaurant le mécanisme européen de stabilité (MES), véritable pendant du traité incriminé.
Les électeurs sont-ils dupes de cette course effrénée ? Je n’en suis pas sûr.
Pour ma part, j’entends être porteur de cette volonté populaire pour qui le jeu politique est de plus en plus détestable et l’enjeu réside dans l’impérieuse nécessité de s’en dégager pour faire enfin du nouveau. Il est urgent de bouleverser la donne.