Barack Obama vient d’annoncer le retrait progressif des troupes américaines d’Afghanistan. Sarkozy lui a immédiatement emboité le pas cadencé. Mais alors qui a gagné la guerre ?
Le Président des Etats-Unis a justifié sa décision en considérant que les objectifs avaient été atteints ? Lesquels ? La mort de Ben Laden ? Certes mais fallait-il envahir l’Afghanistan pour cela quand le chef d’Al Quaida demeurait au Pakistan ? Et l’organisation terroriste est-elle pour autant démantelée ? Les autorités américaines nous ont elles-mêmes expliqué après la mort de Ben Laden, qu’il n’en était rien et qu’il fallait au contraire renforcer notre vigilance.
Alors quoi ? Les talibans ont-ils été vaincus ? Ils ont tué, la semaine dernière, le 62e soldat français et n’ont évidemment pas renoncé à reprendre le contrôle du pays.
L’Afghanistan est-il devenu un Etat de droit, démocratique et stable ? La corruption est à tous les étages.
Bref, la guerre s’achève donc sans vainqueur, ni vaincus et dans le même chaos, la même incertitude qu’au début de l’intervention militaire intérieure.
Tout ça pour ça ? Des milliers de morts afghans victimes de bombardement de la coalition occidentale, 16 000 militaires américains morts depuis 2001, 62 soldats français. Voilà pour le bilan humain. Le bilan financier ? 1,5 milliards de dollar par semaine pour les américains, 1,3 millions par jour pour Paris.
La guerre est devenue on ne peut plus impopulaire aux Etats-Unis après celle conduite en Irak. Et Barack Obama a désormais la présidentielle en ligne de mire. Or les américains considèrent le gâchis humain et financier dramatique quand la situation économique et sociale constitue leur sujet prioritaire d’inquiétude. La guerre devient donc un poids… politique.
Il en va de même pour Sarkozy qui a engagé la France dans un autre conflit en Libye qui nous coûte 1,5 millions d’euros par jour, quand les opérations extérieures de la France pour l’année dispose d’un budget qui plafonne à 900 millionds d’euros. Et Kadhafi qui n’en finit pas, non de partir, mais de rester. Mais la France n’est pas présente militairement qu’en Afghanistan et en Lybie. Elle l’est en Côte d’ivoire et en maints endroits du continent africain notamment.
En définitive, ce ne sont donc pas des considérations humaines ou des ambitions pesants pacifiques qui justifient le retrait des troupes d’Afghanistan, mais des arguments politiques et financiers, d’autant plus présents que la guerre n’a aucune chance de régler quoi que soit et ne peut donc s’éterniser. L’Afghanistan a des allures de Vietnam.
Jacques Prévert avait raison : « Quelle connerie la guerre ! »