L’Association « Angélique, un ange est passé » tenait son assemblée générale annuelle, dimanche 26 novembre dernier à Compiègne. Comme je ne pouvais m’y rendre, Jacques Desmoulin y a participé.
Ce fut l’occasion de mettre en évidence les effets en trompe l’œil du budget de la justice. Le ministre, Pascal Clément, se plait à répéter que ses crédits seront en hausse de 5% en 2007.
C’est oublier tout d’abord qu’en se situant à 6 milliards d’€, ce budget accuse un manque à gagner de 2 milliards par rapport aux prévisions pour 2007 de la loi de programmation pour la justice.
C’est ignorer les effets dévastateurs de l’application de la Loi d’orientation pour les lois de finances (LOLF) sur le fonctionnement de la justice. Les magistrats sont aujourd’hui financièrement encadrés, devant respecter des barèmes de dépenses selon les opérations et investigations qu’ils entreprennent.
Ainsi l’année 2006 s’achèvent avec nombre de factures impayées (experts, indemnisations des jurés, analyses scientifiques…). Telle en atteste cette anecdote selon laquelle le Procureur du TGI de Compiègne s’est entendu répondre qu’il n’y avait pas de crédits pour payer les piles de remplacement de son dictaphone.
La situation de Compiègne est d’ailleurs significative puisqu’elle vient seulement de bénéficier de la nomination d’un juge d’instruction, après avoir dû se contenter d’un juge placé, une sorte de magistrat intérimaire. Conséquences : les dossiers se sont accumulés et le tribunal est engorgé.
Le Conseil de l’Europe situe la France au 29ème rang des 45 pays qui le compose. Elle ne consacre que 2,17% de son budget global à sa justice, loin derrière nos partenaires européens.
Que valent donc les envolées lyriques de MM Sarkozy et Clément sur cette justice implacable dont ils rêvent ; « une justice d’abattage » comme la qualifiait Laurent Bédouet, secrétaire général de l’Union Syndicale de la Magistrature (USM) lors de la journée d’action des magistrats et avocats, ce vendredi 1er décembre.