Un spectre hante l’Europe : celui du refus de plus en plus bruyant des peuples de payer l’addition de la crise financière du capitalisme mondialisé.
Samedi dernier, les citoyens islandais ont massivement refusé, par référendum, d’éponger les dettes d’Icesave, la banque en ligne qui a fait faillite. Cela leur aurait coûté 12 000 € par habitant.
Jeudi, la Grèce a été de nouveau paralysée par un mouvement de grève générale supérieur à celui de la semaine passée. Les salariés refusent les baisses de salaires et des pensions, l’augmentation de la TVA, le report de l’âge de la retraite et les coupes dans les budgets de l’éducation et de la santé.
Les mesures annoncées sont, en effet, destinées à réaliser, en l’espace d’un an, plus de 4 milliards € d’économies et à revenir au plus vite dans les clous du pacte européen de stabilité, Athènes comme ses partenaires européens s’étant appliquée à renflouer le monde de la finance englué dans la folie spéculative.
Partout en Europe, les résistances se précisent.
Le Portugal descend dans la rue pour rejeter un plan du même genre. Le ton monte en Espagne ou en Allemagne contre le report de l’âge légal de départ à la retraite à …soixante sept ans.
Alors même que les gouvernements, tant de droite que sociaux-démocrates, présentent la facture de la crise du capitalisme aux peuples, que constatent ces derniers au terme d’informations diffusées cette semaine ?
Les groupes du CAC 40 ont réalisé, en 2009, 47 milliards € de profit, en recul certes de 20% sur l’année d’avant. Mais le journal « les Echos » note que si l’industrie lourde et la construction sont en très net retrait, les valeurs financières, c'est-à-dire les banques, les assurances, se sont bien tenues. La palme revient à AXA avec un résultat en hausse de 291 % et à la BNP avec + 93%. « Les Echos » sont d’ailleurs très rassurants, et précise que « les entreprises du CAC 40 ont reconstitué leur trésorerie, réduit leur endettement net. Les analystes attendent un rebond des profits en 2010. Les actionnaires n’ont par ailleurs aucun souci à se faire : ils toucheront 35,5 milliards €, comme l’année passée.
Ajoutons enfin la parution, cette semaine, du palmarès des milliardaires. Ils sont au nombre de 1011 à travers le monde contre 793 l’an passé. Tout va donc bien pour eux, merci ! Le premier français arrive en septième position : Bernard Arnault, patron du groupe de luxe LVMH, avec une fortune de 20,1 milliards €.
A part cela, 432 000 emplois sont passés à la trappe en France en 2009. 6,1 millions d’emplois on disparu en Europe depuis mars 2008.
Autant d’informations qui, mises en vis-à-vis, sont de nature à éclairer les consciences sur le mal qui nous ronge, sur la nécessaire mobilisation populaire pour imprimer une autre logique dans la conduite des affaires du monde.
Cela est d’autant plus urgent que l’Union européenne souhaite que la purge infligée aux grecs s’étende à l’ensemble des Etats, devienne la norme. Sarko en rêve mais il y a loin de la coupe aux lèvres.