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7 juillet 2011 4 07 /07 /juillet /2011 13:54

Le 1er juillet dernier est entrée en vigueur l’une des dispositions les plus régressives de la loi de réforme des retraites de novembre 2010.

 

Nous avons, en effet, entamé le processus tendant à repousser l’âge légal de départ à la retraite au rythme de 4 mois de cotisations supplémentaires par an et pour atteindre 62 ans en 2018.

 

A peine cette mesure entrait-elle dans les faits que Xavier Bertrand, le Ministre du travail, de l’emploi et de la santé, surenchérissait.

 

Il se déclarait prêt à signer un décret, en décembre prochain, portant à 166 trimestres, soit 41,5 annuités, la durée de cotisations nécessaire, pour la génération née en 1955.

 

Quelle mouche a donc piqué le successeur d’Eric Woerth au ministère de la régression sociale ? A-t-il oublié que des millions de français sont descendus dans les rues pour dire non à cette réforme de démolition du modèle social français ?

 

Cette annonce répondrait, selon lui, aux conclusions du rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) qui a été présenté cette semaine et qui établit le constat d’un allongement de la durée de vie. Cette dernière atteindrait 22,4 ans au-delà de 60 ans pour les hommes en 2010 contre 21,8 ans en 2006, 27,2 ans pour les femmes contre 26,7 ans précédemment.

 

En second lieu, le Ministre se réclame de la loi Fillon de 2003 pour justifier d’un allongement de la durée de cotisation à mesure de l’accroissement de l’espérance de vie.

 

Les organisations syndicales contestent les évaluations du COR et rappellent que ses avis, en tout état de cause, ne constituent que des recommandations.

 

Ensuite, la loi de 2003, pour régressive qu’elle fût, a fixé la durée de cotisations à 163 trimestres pour la génération de 1951, à 164 trimestres pour celle de 1952 à compter de 2012 et à 165 trimestres pour celle de 1953 et suivantes en 2013.

 

Et lors de la réforme de 2010, le passage à 166 trimestres n’était évoqué que pour les générations nées à partir de 1958 à l’horizon 2020.

 

Aucun cadre législatif ne permet donc la mise en œuvre de ce nouveau recul social annoncé pour la fin de cette année.

 

Alors pourquoi cette précipitation vers une mesure qui résonne comme une provocation à l’égard des français toujours très remontés contre la réforme de 2010 ? Xavier Bertrand a vendu la mèche, en déclarant :

« Il vaut mieux qu’on conduise les réformes plutôt que de se les voir imposer comme la Grèce. »

 

En définitive, le gouvernement agit sous la pression de Bruxelles, des marchés financiers et des agences de notation, lesquelles viennent de rétrograder, après la Grèce, le Portugal avec, pour effet, un renchérissement du coût du crédit, une aggravation de la charge de la dette, un découragement des entrepreneurs à investir dans l’économie réelle. Bref, si vous n’obtempérez pas aux exigences de la finance, celle-ci vous enfonce.

 

C’est ainsi que la France, comme les autres, est sommée de jeter au panier ses avancées sociales et de faire place aux marchés. Sinon !

 

Pour Xavier Bertrand, les agences de notation méritent davantage d’attention que le peuple français. Sauf que ce ne sont pas les agences de notation qui font l’histoire, mais les « masses », comme disait un certain Karl Marx.

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