La visite surprise de Sarkozy en Irak n’était pas innocente. Elle correspondait à la réaffirmation par le chef de l’Etat de son souhait de réintégration de la France dans le commandement de l’OTAN. Le voyage à Bagdad en éclaire la signification : l’alignement de notre pays sur les Etats-Unis.
Il s’agit, pour le coup, d’une rupture avec quatre décennies d’une politique de défense et de sécurité indépendante. En 1966, le Général de Gaulle décidait de quitter l’organisation militaire atlantique. Le siège de l’OTAN déménageait alors de Paris à Bruxelles, les bases US en France étaient fermées.
La France refusait de prendre place dans un bloc militaire contre un autre. Nous étions en pleine guerre froide. Dès lors, Paris occupa une place originale parmi les puissances occidentales. C’est ce même cadre qui servit à Dominique de Villepin pour prononcer, en février 2003, un remarquable discours devant l’ONU, signifiant l’opposition de la France à l’intervention américaine en Irak et une conception multilatérale des relations internationales.
C’est ce même esprit qui anima Jacques Chirac, quelques années auparavant, lorsqu’il n’hésita pas à provoquer un scandale dans les rues de Jérusalem, quand la police israélienne tenta de l’empêcher d’entrer en contact avec la population palestinienne.
Voilà ce que Sarkozy s’apprête à briser, ce qui fit la grandeur de la France et lui permit de jouer un rôle et d’être respectée sur la scène internationale.
Quel renoncement que cette capitulation qui nous fait intégrer une structure militaire, vingt ans après la dissolution du pacte de Varsovie, un vestige de la guerre froide, une conception unilatérale des rapports internationaux sous la bannière américaine, quand les années Bush ont montré la faillite d’une telle option qui ne conduit qu’à la guerre.
Le prochain sommet de l’OTAN se déroulera les 3 et 4 avril prochains. Il conviendra de l’accompagner d’ue puissante mobilisation pour la paix et l’indépendance stratégique de la France.
