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25 janvier 2008 5 25 /01 /janvier /2008 20:25

Nous apprenions, jeudi dernier, que la Société Générale avait perdu 7 milliards d’€ sur les marchés financiers. Le comble est que cet immense gâchis serait l’œuvre, pour près de 5 milliards d’€, d’un courtier de 31 ans, employé de la banque, qui aurait joué à risque sur le marché des produits dérivés bien au-delà des limites qui lui étaient assignées et sans qu’aucun contrôle ne l’ait confondu durant un an.
Cela semble d’autant plus incroyable que la deuxième banque française est le numéro un mondial de ce type d’activités et que cette position implique une architecture sophistiquée de contrôle des risques.
Depuis la révélation du scandale, le PDG de la Société Générale, le Gouverneur de la Banque de France, la Ministre des Finances se veulent rassurants : pas d’inquiétude à avoir ! La banque a les reins solides et elle sera recapitalisée à hauteur de ses pertes en quelques jours.
Pincez-moi ! Je crois rêver.
Se peut-il que ceux-là mêmes qui nous expliquent que les caisses sont vides, que trouver de l’argent pour augmenter les salaires et les retraites seraient économiquement insupportable voient partir en fumée 7 milliards d’€ et demeurent de glace, comme s’ils avaient été victimes d’un pickpocket dans le métro parisien. De quoi donner la rage à ceux pour qui les fins de mois sont impossibles, pour qui faire des projets d’avenir relève du fantasme ! De qui se moque-t-on ?
Sur ces 7 milliards, 2 milliards se sont évanouis dans la crise boursière américaine des subprimes, ces crédits hypothécaires à risques.
Mais au fait, qu’en est-il pour la BNP Paribas, la première banque française ? Combien a-t-elle perdu, elle qui comptait, mardi dernier, à la clôture des Bourses, 57,6 milliards d’€ de capitalisation, devant la Société Générale qui pesait 36,9 milliards d’€ ? Et le Crédit Agricole avec ses 31,6 milliards d’€ ?
Car le scandale ne surgit pas tel un orage dans un ciel serein. Il est même la partie émergée de l’iceberg.
Lundi denier, le CAC 40 a perdu 6,83%.
Et les chutes étaient comparables sur toutes les places boursières. Ainsi, en une seule journée. 430 milliards d’€ se sont volatilisés.
Ce krach est la conséquence de la crise américaine et des inquiétudes de récession qui grandissent. De quoi s’agit-il ? La facture des subprimes s’élève désormais à plusieurs milliers de milliards de dollars. Une gigantesque bulle financière vient d’éclater. Des crédits immobiliers, comme ceux que nous avons connus en France dans les années 80, ont été consentis à des ménages insolvables sur des biens qui se dévalorisent à grande vitesse.
Pour en mesurer l’ampleur, il faut savoir que l’endettement moyen des ménages américains s’élève à 120% de leur revenu. Le crédit immobilier représente 4/5 de cet endettement et les 2/3 des ménages américains sont certes propriétaires mais ne possèdent, en réalité, que 10% de la valeur de leurs biens.
En septembre 2007, 3 millions de ménages se révélaient incapables d’honorer leurs remboursements soit 30 milliards de perte. Et le pire était à venir.
Il s’en suit une crise des liquidités et une montée légitime de la défiance à l’égard du système.
Dans une économie financiarisée et mondialisée, une telle catastrophe a un impact rapide sur la croissance à l’échelle de la planète.
Cette crise n’est pas la première. En 2001, nous avions connu celle des Télécommunications Nouvelles Technologies (TNT) et la réponse avait consisté à orienter l’investissement vers l’immobilier. Après la bulle TNT, voilà donc la bulle subprime.
Quel est le fond ? L’économie financière et virtuelle prend sans cesse davantage le pas sur l’économie réelle. L’économie, cela consiste à créer des richesses pour répondre à des besoins humains, à mobiliser les moyens dont nous disposons à cette seule fin.
Or, aujourd’hui, le mécanisme dominant tend à faire de l’argent artificiel par la spéculation, par la course entre l’expansion du crédit et la valorisation des actifs financiers.
Et toutes les politiques libérales accompagnent cette dérive en lui laissant libre cours, quand nous aurions besoin de reconnecter l’argent existant à l’économie réelle.
A cet aune-là, nous irons dans le mur. Et il ne suffira pas de nous bercer d’illusions et de mensonges, selon le proverbe chinois : quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt.
Les peuples ont toujours tôt fait de regarder dans la bonne direction.

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